“Sur la route” est le livre emblématique d’un mode de vie que promeut la beat generation. Cette génération, libérée des mœurs de l’Amérique puritaine des années 50, véhicule l’image d’individus à la fois fantasques et exempts de toute obligation. La beat generation serait à l’origine même des mouvements hippies, apparus dans les années 60.

Caractérisée par un mouvement littéraire et artistique, la beat generation émerge dans les années 50, aux États-Unis. Le terme est employé pour la première fois en 1948 par Jack Kerouac, écrivain et poète américain. Il associe le terme beat au rythme de jazz, qu’il affectionne particulièrement. Il s’agissait pour lui d’une autre façon de dire “béatitude”. Par son usage, l’auteur définit son cercle d’amis, composé de William Burrough et Allen Ginsberg. Ce cercle d’amis, précurseur de la beat generation, représentait un véritable mouvement littéraire, artistique, social et culturel. Ils furent à l’origine d’une série d’œuvres artistiques et littéraires prônant les esprits libres tels que le décrit Jack Kerouac dans son livre Sur la route :

« Les fous, les marginaux, les rebelles, les anticonformistes, les dissidents… tous ceux qui voient les choses différemment, qui ne respectent pas les règles. […] Ils inventent, ils imaginent, ils explorent. Ils créent, ils inspirent. Ils font avancer l’humanité. Là où certains ne voient que folie, nous voyons du génie. Car seuls ceux qui sont assez fous pour penser qu’ils peuvent changer le monde y parviennent. » (Sur la route, Jack Kerouac)
Jack Kerouac, précurseur de la Beat generation
Sur la route est une œuvre presque biblique de cette philosophie de vie. Ce livre est rythmé par un style personnel, influencé par le mouvement de jazz Be Bop. Ce style d’écriture a donné naissance à un nouveau genre littéraire appelé prose spontanée. A ce sujet, Jack Kerouac indique “écrivez ce que vous voulez, sans frein, depuis le fin fond de votre esprit”. Il cherche à reproduire l’ambiance de ses voyages et de ses rencontres grâce à la prose spontanée. De manière presque autobiographique, l’auteur conte ses aventures et celles de ses amis qui voyagent sans point d’ancrage à travers les Etats-Unis. Sillonnant le pays en stop, en car ou en voiture, à différentes périodes entre 1947 et 1950, ils se lancent dans une quête floue, mouvementée et existentielle à l’aspect parfois mystique. Dean Moriarty, son compagnon de route, est le reflet d’un esprit anti-conformiste, spontané et libéré des injonctions américaines. Leur épopée est le théâtre de rencontres hétéroclites qui viennent enrichir leur quête de liberté. Jack Kerouac perçoit la route comme un chemin de vie dont la destination importe moins que le chemin lui-même.
Au cœur de ce mouvement, l’usage des drogues est vécu pour eux, comme l’essence de la libération spirituelle. Ces intellectuels étaient en quête d’une forme de spiritualité en se reconnectant notamment avec les valeurs traditionnelles et le minimalisme. Leurs valeurs sont à l’encontre de la société de consommation américaine ou l’American way of life, qui ne cesse de se développer à l’aube de la Seconde Guerre mondiale.
L’essor des beatniks et des hippies

Ce mouvement n’est pas sans rappeler le mouvement hippie. Ce cercle d’amis semble avoir influencé les mouvements de mai 1968 et les hippies de Woodstock. Ce sont les précurseurs de la libération sexuelle et les symboles de la contre-culture. Le mouvement hippie s’apparente à la beat generation par l’anti-conformisme, l’esprit contestataire et la liberté d’un mode de vie. Allen Ginsberg, poète américain, est l’un des précurseurs de la beat generation et, pareillement, du mouvement hippie. Le thème du voyage est un thème cher partagé par ces deux communautés qui sont en quête du sens mystique de la vie, la mort, l’amour ou l’amitié. Les deux communautés choisissent de vivre sans les tabous d’une société puritaine, qui considère l’homosexualité, comme amorale. Malgré la ressemblance flagrante entre ces deux mouvements, la beat generation s’en différencie par l’appartenance des individus à un milieu plus populaire. Il s’agit d’individus plus individualistes, intellectuels ou aventuriers, que leurs congénères du mouvement hippie.
Avec la popularisation de ce terme et de ces deux mouvements, dans les années 60, la beat generation semble avoir pris un nouveau tournant auquel Jack Kerouac ne s’identifie plus. L’usage du terme beatniks pour désigner les membres de la beat generation est contesté par l’auteur. Il y voit une connotation négative à laquelle les médias l’associent. Il est également en rupture avec le mouvement hippie, qu’il qualifie de communiste. Le beatnik est devenu l’emblème d’une jeunesse anti-conformiste qui ne cesse de croître. Le beatnik n’est pas sans rappeler le hipster. Mais quels sont leurs véritables liens ?
Des oeuvres à consulter :
- Sur la route, Jack Kerouac
- Sur la route, De Walter Salles, Avec Kristen Stewart, Garrett Hedlund et Sam Riley
Sources :
1966 : Qui sont les beatniks ? | Archive INA
Beat Generation ou la fureur de vivre | France Culture, 6 juin 2016
Comment la Beat Generation a trouvé son bonheur dans la drogue | Les Inrockuptibles, 2 juillet 2016