
« Tu seras viril mon kid
Je ne veux voir aucune larme glisser
Sur cette gueule héroïque et ce corps tout sculpté
Pour atteindre des sommets fantastiques
Que seule une rêverie pourrait surpasser »
Eddy de Pretto ouvre le bal des stéréotypes de sexe, avec son titre « Kid». L’histoire de son enfance, avec la démonstration de ce qu’est la masculinité, la virilité, ce qu’on doit faire pour devenir un homme et surtout pas une femme.
Alors, prêt(e) à parler normes sociales ?
Pour ce premier article d’Empreinte sur le thème des normes sociales, on commence fort : les normes sexospécifiques. Les normes sociales, c’est l’ensemble des comportements et attitudes attendu d’un(e) individu(e) dans une société. Si tu agis en accord avec ces normes, tu es conforme aux valeurs et idéaux des autres sur toi. Si tu ne le fais pas, tu auras un comportement déviant.
Exemple :
Socialement accepté : Un petit garçon joue au football, c’est bien car c’est une activité en extérieur qui lui apprend à devenir combatif.
Socialement déviant : Une petite fille joue au football, ce n’est pas bien car il faudrait qu’elle pratique des activités en intérieur, calmement.
Et oui, l’exemple peut te paraître un peu daté de citer le football, mais si les femmes peuvent aujourd’hui pratiquer ce sport, c’est grâce au long travail fait en amont (elles ont été bannies des terrains de 1920 à 1970 ).
Les normes sexospécifiques sont donc celles établies en fonction de ton sexe de naissance. Pour autant, ce n’est pas ce qui est entre tes jambes qui t’a inculqué la volonté de suivre les normes. Il faut distinguer le sexe génétique d’une personne, et la construction sociale qui en est faite. Les différences entre les hommes et les femmes sont le produit de la société, de la culture, d’habitus et de stéréotypes. Ce sont les rôles naturels associés à un homme et une femme qui donnent aussi lieu aux inégalités.
Mais alors, qu’est ce que la société attend d’un homme ?
Viril : interprété dans différents contextes, comme la liberté d’avoir plusieurs partenaires sexuelles, ou le physique avantageur qui va des abdos aux appareils génitaux.
Autoritaire : le père est la figure autoritaire dans une famille, il fait régner l’ordre et on lui obéit.
Puissant : posséder le pouvoir, un poste de décision, avoir de l’ambition et dominer.
Et d’une femme ?
Maternelle : la femme, avec la grossesse, est perçue comme celle qui s’occupe le mieux des enfants dans un couple; elle est née avec “l’instinct maternel”.
Attentive aux autres : l’éducation, les métiers d’assistance à autrui sont associées aux femmes pour leur compréhension, écoute, amour et empathie.
Centrée sur le foyer : avec la garde des enfants et l’aide à l’éducation, la femme va être tournée vers les activités d’intérieur et liées à la maison (cuisine, ménage, courses).
On résume ?
Ce que les hommes doivent être : forts (dominants), écoutés mais pas à l’écoute, ambitieux, sans émotions fortes visibles.
Ce que les femmes doivent être : faibles (dominées), à l’écoute mais silencieuses, sachant se contenter, empathiques.
Et pourtant…
Comment les hommes finissent : antipathiques, honteux d’exprimer leurs émotions, égoïstes, malheureux.
Comment les femmes finissent : dépendantes, sans ambition, inconscientes de leur potentiel, malheureuses.
Le constat est exagéré et extrapolé, je vous l’accorde… Mais il grossit des normes sexospécifiques de la société. Alors, heureusement, nous sommes de plus en plus conscient(e)s de ces normes et motivé(e)s à les faire évoluer.
Dans cette démarche de changement, les artistes se jouent eux aussi des attentes de la société, pour nous éveiller davantage.
Miss Tic, pionnière du street art français utilise les pochoirs pour s’exprimer sur les murs parisiens. Cette artiste engagée questionne les stéréotypes liés à la femme “objet” avec des messages empreints de subtilité et de provocation.
“Tel est pris qui croyait me prendre” joue avec la société patriarcale où la femme, réduite à son corps, a finalement le dernier mot et le pouvoir.


L’égalité hommes/femmes a aussi été le thème du concours international d’affiches, Poster for Tomorrow. Une centaine d’œuvres avait été exposée dans une trentaine de galeries du monde, de quoi créer un mouvement pour ce droit à l’égalité pour tous !



Continuons à protester contre cette nature qui prédisposerait les hommes et les femmes, totalement contraire à l’égalité des sexes, et améliorons les relations hommes-femmes.
Suivons la voix d’Eddy de Pretto, face à cette :
« Virilité abusive
Et laissons enfin les enfants faire ce qu’ils veulent, devenir qui ils veulent, sans pressions normées.
Mais moi, mais moi, je joue avec les filles
Mais moi, mais moi, je ne prône pas mon chibre
Mais moi, mais moi, j’accélérerai tes rides
Pour que tes propos cessent et disparaissent »
– Jeanne DELAHAYE, Chargée de Rédaction et Trésorière