Une contre-culture politique et artistique : l’anarchisme
Ce logo ne doit pas vous être inconnu, n’est-ce pas ? Un A cerclé significatif de l’ordre libertaire et anarchiste, souvent accompagné de phrases dénonciatrices telles que “eat the rich« . Visibles parfois au pied de chez nous, nous n’avons pour autant qu’une vague idée générale de ce que représente ce symbole. Ainsi, dans cette première partie, nous allons faire une petite piqûre de rappel sur les origines de ce mouvement, et en quoi il consiste exactement.
Les origines du mouvement politique anarchiste :
Le mot anarchisme est dérivé de deux mots du grec ancien : an et arkhê. Ils signifient littéralement “absence d’autorité” ou “absence de dirigeant”. Comme le souligne l’animateur Peter Marshall, ce terme a été associé dès le début aussi bien “à l’aspect négatif contenu dans l’expression unruliness, qui ne peut être gouverné (qui mène au désordre et au chaos) et au caractère positif de ce que l’on appelle une société libre dans laquelle la loi n’est plus nécessaire”. L’anarchisme fait partie intégrante des mouvements révolutionnaires, et semble exister depuis des siècles. Pour autant, ce mouvement a véritablement trouvé ses préceptes lors des différentes révolutions. En Italie, ou encore en France, dans les années 1800. L’anarchisme est bien souvent lié à d’autres courants comme ceux féministes et écologiques, et se veut comme un état d’esprit et une philosophie. Il englobe de nombreux courants qui sont plus ou moins entrés en conflit, car ayant des visions différentes (il existe par exemple un anarchisme chrétien, un anarchisme capitaliste etc.) et ainsi de nombreux auteurs libertaires, économistes, philosophes ont pu débattre sur ce terme. Ici, nous allons plutôt nous intéresser à l’anarchisme politique dans un temps actuel, et ce que nous allons décrire se veut surtout comme une généralité.
- Les anarchistes cherchent à détruire le pouvoir actuellement mis en place afin de le redistribuer à tous.
- Cette destruction de pouvoir doit passer par une révolution violente car la violence est considérée comme un outil de lutte des classes. Cette dernière sert à faire pression sur l’Etat et ainsi permettre de le renverser. Pour autant, il existe des mouvements anarchistes qui se veulent non violents, en choisissant le respect de l’éthique et l’écoute de chacun comme moyens.
- Une fois le pouvoir récupéré, chacun participe activement aux décisions de la société, les actes sont tous responsabilisés (les lois étant ainsi définies collectivement). Le gouvernement n’est plus seul responsable et chacun doit répondre des erreurs commises lors d’une prise de décision, si erreurs il y a.
- Finalement, l’anarchisme cherche à développer une société sans domination, où les individus coopèrent dans une dynamique d’autogestion. Tous les individus étant acteurs, il est possible que des conflits éclatent, cependant, lors de ces conflits, des idées variées sont émises et d’autres sont remises en question.
Le mouvement anarchiste se veut aujourd’hui anticapitaliste et se rapproche même des mouvements radicaux écologistes. En effet, ces deux mouvements cherchent à établir une société durable via des institutions participatives. Tous deux présentent des politiques qui appellent à employer des alternatives à la fois sociales, politiques, économiques et technologiques visant à déployer le champ de la liberté, de l’autonomie et de l’autogestion.
Les représentations de l’anarchisme dans l’art : entre jeux vidéos et musiques punk

Considéré comme la plus grande expérience anarchiste dans le monde, nous allons ici parler du jeu Twitch Plays Pokémon. Très populaire en 2014, le principe était simple : permettre au monde entier de jouer au jeu via un tchat en ligne (sur l’application Twitch). Ainsi, pour faire bouger le personnage principal, les joueurs devaient écrire “left”, “right”, dans le tchat et le personnage bougeait à chaque action envoyée. Le concept a très vite fédéré des milliers de joueurs et de viewers et a inspiré très rapidement une culture et des références sur Internet, notamment le concept de société anarchiste. Tous les joueurs avaient en effet la même capacité d’action sur le jeu, sans autorité suprême qui prend les décisions. Le terme de société vous paraît un peu fort pour un simple jeu vidéo ? Pour autant, une société n’est autre qu’une construction humaine qui sert un objectif. Ici, l’objectif était de battre la ligue Pokémon, et 1,1 millions de personnes ont réussi, en se partageant le pouvoir, cet objectif.
Au départ, le système était assez chaotique, le personnage bougeait dans tous les sens ou ne bougeait pas du tout, revenait sur ses pas et tournait en rond… Pour autant, progressivement, les joueurs parviennent à obtenir les premiers badges de Ligue, les premiers Pokémons. Par la suite, le jeu devient plus difficile et demande plus de précision de la part des joueurs. Pour s’adapter, un système de décision majoritaire a été créé, ainsi, un nombre de touches était stocké par le jeu et la touche majoritaire était sélectionnée. Spoilers, c’est comme ça qu’on fait de la politique ! En effet, dans une société anarchiste, au cours d’une Assemblée Générale, on prendrait des décisions selon un modèle défini auparavant, et si ce modèle ne permet pas de répondre à la situation, on l’adapte. Idéalement, on prend les décisions au consensus, ce qui implique du temps et des débats pour décider.
Finalement, le jeu a alterné phase chaotique et phase démocratique, avec des réussites (la capture du Pokémon légendaire Electhor) et des échecs (relâchement de Pokémons ou pertes d’attaques), notamment à cause de certaines personnes cherchant à faire échouer en masse l’objectif. Le jeu s’est finalement terminé en 16 jours et 7 heures, et aurait pu se finir en à peine 10 heures si les joueurs n’avaient été qu’un. Pour autant, dans une société, nous ne sommes jamais seuls, et si nous pouvons manger ou utiliser notre ordinateur, c’est bien parce que des personnes ont travaillé à l’acheminement de l’eau, au traitement de cette dernière, que des personnes sont allés récolter des matériaux pour notre écran… En pensant en terme de société, on peut souligner que “on irait plus vite avec un dictateur”, mais le but du jeu ici n’était pas d’aller vite, mais d’atteindre un objectif collectivement. La dictature pourrait être plus rapide, mais celle-ci est auto-destructrice car elle génère des tensions internes. Une personne est incapable de prendre des décisions qui vont satisfaire tout le monde. À l’inverse, l’anarchisme peut prendre beaucoup de temps, mais la stabilité inhérente au fait de l’absence de tension de pouvoir, permet un bien-être collectif plus fort. Voilà comment un jeu vidéo peut servir à démontrer le fonctionnement d’un régime politique.
Pour votre propre culture, nous vous proposons de vous renseigner sur le cas de la pandémie dans le jeu World of Warcraft, qui a permis à certains scientifiques d’étudier le comportement des joueurs face à l’arrivée d’une “maladie destructrice” dans un jeu en ligne et ouvert : La pandémie de World of Warcraft – DirtyBiology
L’anarcho-punk
Quand on pense au terme “anarchisme”, il est difficile d’avoir en tête une véritable œuvre d’art. Pour autant, les mouvements contestataires comme mai 68, mouvement anarchiste en soi, ont des œuvres qui ont marqué les esprits. Pour exemple, l’affiche iconique “soit jeune et tais-toi”, slogan d’ailleurs repris par le groupe français Les Sales Majestés dans leur musique “sois pauvre et tais-toi”. Ce groupe se veut d’un mouvement artistique directement lié à l’anarchisme : celui du punk, voire celui de l’anarcho-punk. Ce terme est souvent utilisé pour désigner les musiques punk/rock qui incluent des paroles contestataires et anarchistes. Souvent, les musiques anarcho-punk ont pour démarche un modèle économique d’autogestion, sans recherche de profit, où les musiques sont produites de manière le plus autonome possible. De même, ce mouvement promeut certains principes comme celui de ne pas porter de cuir, et d’adopter dans ce sens un régime végétarien.
Dans cette optique, nous vous proposons un clip engagé dans la cause animale, du groupe français The aiM : my life is a cage.
Ce groupe, qui est aussi une association, a lancé cette chanson militante pour démontrer le calvaire des animaux mis à l’abattoir. The aiM, sans être pour autant anarchiste, rejoint l’idée que nous avons évoqué sur les relations entre création d’une société anarchiste et création d’une société écologiste. Lors de l’interview de Guillaume Corpard, le chanteur du groupe The aiMOn s’est exprimé sur ce projet “on y parle de leur terreur, de leur incompréhension face à une situation effroyable : car il ne faut pas prendre les animaux pour des êtres inintelligents, insensibles et sans personnalité.” Au programme : un clip sanguinolent qui nous met à la place d’un animal partant à l’abattoir.
Sources :
Anarchisme, Wikipédia – Histoire
My Life’s a cage : film engagé pour les animaux, KissKissBankBank
MY LIFE’S A CAGE : LE FILM QUI DÉNONCE L’EXPLOITATION ANIMALE !, FémininBio
Anarchisme dans l’art et la culture, Wikipédia
Draw my Economy, L’ANARCHISME C’EST PAS DU BO*DEL 1 DME – YouTube